Page:Eugene Simon - La Cité chinoise, 1891.djvu/259

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dont les triples toitures aux tuiles jaunes émaillées et las angles relevés en éperons se révèlent par trouées et se découpent sur le bleu pur du ciel. Du reste, calme profond que ne réussissent même pas à troubler les chants des oiseaux ou les voix des travailleurs et les échos qui leur répondent. Ces voix, ces échos, ces chants, ce. silence, ces parfums, ces couleurs, cette harmonie, cet ensemble font de ce petit coin du monde un véritable paradis. Tout vous enivre et vous éblouit. Là, point de roues grinçantes sur un pavé raboteux, point de bruits de marteaux ni de fumées de fabriques noires et puantes. L’œil et l’oreille, tous les sens, qu’aucun bruit étrange et discordant ne vient distraire, acquièrent une subtilité inouïe. On entendrait l’herbe pousser, on entendrait même, selon l’expression du poète chinois, le bruit que fait sur la terre l’ombre du feuillage balancé par le vent. Jamais la vie ne fut plus intense. Jamais l’homme et la nature ne se sont mieux compris, ni plus intimement unis.

Les habitants de Fou-Tcheou, et ceux des villes voisines à trente lieues à la ronde, aiment beaucoup cet endroit. Ils y viennent avec leurs familles pendant une partie de l’été. Chaque pagode a toujours à leur disposition plusieurs pavillons petits ou grands. Seulement il faut les retenir d’avance, car les amateurs sont nombreux. Il en arrive même de Ning-Pô et de Schanghaï. Les canaux les y amènent jusqu’au pied des montagnes.