Page:Eugene Simon - La Cité chinoise, 1891.djvu/262

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que vous devez porter au marché, vous plairait-il de me céder une livre ? Je vous serais sincèrement obligé. — Certainement, monsieur. Mon frère aîné demeure, je crois, dans la pagode d’en bas ? — Oui ; mais puis-je vous demander comment vous l’avez appris ? Je ne suis dans le pays que depuis avant-hier. — Oh ! vieux monsieur, tout se sait vite dans nos petits villages. Et puis, vous êtes Européen. On croit que vous venez pour acheter du thé. — Non ; je viens seulement me reposer quelques jours dans votre belle contrée, et j’espère avoir le plaisir de vous rencontrer souvent. — J’allais demander à mon frère aîné la permission d’aller lui présenter mes devoirs chez lui. » Je la donnai avec empressement et nous nous séparâmes. La semaine s’écoula. Un matin, comme je finissais de déjeuner, mon interprète me remit une grande carte de visite rouge, portant modestement en très petits caractères le nom de Ouang-Ming-Tse. On me faisait demander s’il me convenait de recevoir dans la journée et à quelle heure on pourrait venir. — Tout de suite, dis-je au messager. Une heure après on m’annonçait l’arrivée de deux hommes que je donnai l’ordre d’introduire et au-devant desquels je fis quelques pas. L’un, âgé d’environ soixante ans, m’était absolument étranger ; dans l’autre, qui paraissait avoir quarante ans au plus, je n’eus aucune peine à reconnaître mon paysan, malgré le costume de cérémonie qu’il avait revêtu. Tous deux portaient une longue robe de coton bleu, un pardessus de soie violet et le chapeau de feutre à grands