Page:Eugene Simon - La Cité chinoise, 1891.djvu/267

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monsieur, me dit-elle, et soyez le bienvenu. » Tout le monde s’est rassis. Alors, sur un signe, mon domestique apporte une grande boîte d’où il sort les uns après les autres un polichinelle, des images, des paquets d’aiguilles, un paquet de bougies roses, des rubans, une toupie d’Allemagne, une poupée et un stéréoscope. Il y en a pour tous les goûts. Tous sont ravis. « Oh ! par ma foi, grand’mère, au diable le cérémonial et l’étiquette. Le vieux monsieur n’a pas l’air d’y tenir. » Le vieux monsieur n’y tient pas du tout, il est redevenu jeune ; il est descendu de son trône[1]. Il a quitté le canapé ; il se mêle à eux et leur explique le stéréoscope. Les questions n’arrêtent pas, les remerciements non plus: « Oh ! Si-Lao-Yé ! Oh ! Si-Lao-Yé ! » Le petit est en extase, a toupie ronfle: les jeunes filles ont déroulé leurs rubans ; mais ce qui fait merveille, c’est le stéréoscope. Nos rues et nos places d’Europe les remplissent d’admiration et ils sont stupéfaits des maisons à cinq étages. Non, voyez-vous, jamais ils ne comprendront que l’on puisse monter si haut, ni que l’on en soit réduit à vivre ainsi les uns au-dessus des autres. Mais la porte s’est ouverte et l’on introduit une table toute servie. C’est un vrai dîner. « Ah ! Ouang-Sien-Sen, cela n’était point convenu ; comment voulez-vous que je mange ? il n’y a que deux heures que j’ai fini de déjeuner. — Je vous prie, Si-Lao-Yé, je vous prie, un petit effort. » La grand’mère, Ouang-

  1. Le canapé, qui est le siège d’honneur, est très souvent placé sur une petite estrade élevée d’une ou deux marches.