Page:Eugene Simon - La Cité chinoise, 1891.djvu/288

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sais vraiment pas ce que nous aurions fait. Les cinq familles comptaient déjà quarante personnes ; mais il n’y en avait que sept en état de travailler aux champs. Moi, l’avais quinze ou seize ans, mais on avait cru pouvoir faire de moi un lettré ; j’étudiais et je ne rendais aucun service. Les autres étaient des femmes et des enfants. Or, sept travailleurs pour cent vingt meous, ce n’est pas assez. Vous me direz peut-être qu’en ce cas nous n’aurions pas dû acheter autant de terrain. Mais il fallait bien songer à l’avenir. Chaque année nous amenait deux ou trois bouches de plus à nourrir. Non, la diminution de nos cultures était impossible. Il n’y avait réellement qu’un seul moyen ; c’était d’avoir recours à des aides étrangers que l’on remplacerait au fur et à mesure par les garçons de la famille devenus grands et forts. C’est ce que l’on fit. Au lieu d’un ouvrier à l’année que nous avions employé jusque-là, on en prit trois. Nous n’avions jamais eu qu’un buffle ; on en acheta un second. Cela soulagea les hommes des travaux qui ne demandent que de la force, et les ouvrages où il faut mettre de l’adresse et du soin furent ainsi mieux faits. Sous le rapport de l’économie générale de la maison et du travail, tout alla donc mieux qu’auparavant. Seulement, ce ne fut pas tout de suite que l’on apprécia les avantages qui résultaient des nouveaux auxiliaires. Nous avions dépensé tant d’argent depuis peu que notre épargne était réduite à presque rien. Avant d’en faire sortir d’autres de la terre, il fallait un peu