Page:Eugene Simon - La Cité chinoise, 1891.djvu/292

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Lorsque cent millions d’hommes pourront entendre sa grande voix et prononcer son nom si puissant et si doux, la Patrie sera une réalité.

Telles étaient les réflexions qui m’agitaient pendant le repos qui suivit les derniers mots de Ouang-Ming-Tse. Était-ce l’effet du soir qui s’approchait ? était-ce l’éloquence des derniers rayons du soleil qui, se couchant pour nous, allait embraser le lointain pays que mon cœur adorait ? était-ce, enfin, le grand silence qui se faisait autour de nous et qui exaltait nos impressions les plus intimes ? Je ne sais, mais il est certain qu’entre ce paysan chinois et moi, un même sentiment avait produit un courant de sympathie d’une énergie singulière. Nous nous regardions tous deux, et il me semblait qu’il devinait mon trouble. Que ceux qui n’ont jamais quitté le sol de la Patrie, que ceux qui ne savent pas à quel point on peut parfois éprouver le besoin et l’illusion de la voir et de la sentir partout, me raillent s’ils le veulent ; mais, durant une minute, je crus que nous allions nous jeter dans les bras l’un de l’autre.


IV


Je retournai le lendemain chez mon ami. Il m’attendait. « Arrivez, arrivez, me cria-t-il joyeusement du plus loin qu’il m’aperçut et en accourant à ma rencontre ; arrivez, Si-Lao-Yé, nous avons besoin de vous — A votre