Page:Eugene Simon - La Cité chinoise, 1891.djvu/296

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

Tse, laissons là votre petite-fille et son promis. Ce que je voudrais savoir de vous, le voici : pourquoi les Chinois interdisent-ils tout rapport entre deux fiancés ? — Eh ! Si-Lao-Yé, il faut bien qu’il en soit ainsi, puisque nos mœurs n’autorisent pas le mélange des sexes en dehors de la famille et que le mariage est prohibé entre jeunes gens du même nom. Mais vous allez me demander pourquoi la séparation des sexes ? Je crois que les anciens qui ont fait nos lois et créé nos mœurs ont dû longtemps philosopher sur ce projet avant de s’arrêter au parti qu’ils ont pris. Ont-ils eu raison ? Ont-ils eu tort ? Pouvaient-ils faire mieux ? Qui oserait le dire ? Il faudrait pouvoir comparer les résultats avec ceux d’autres systèmes. Vous, Si-Lao-Yé, qui connaissez notre civilisation et qui en avez vu beaucoup d’autres, vous êtes bien plus capable que moi de prononcer.

» Nos habitudes n’ont d’ailleurs rien d’absolument inflexible. Leur sévérité a cela de bon qu’elle rend les moindres écarts très sensibles et qu’on peut alors intervenu avant qu’ils deviennent trop grands ; mais, en définitive, chacun gouverne sa maison comme il l’entend, et personne n’y trouve à redire tant qu’il ne s’y produit rien de contraire à l’esprit des coutumes générales. Vous avez pu voir avec quel empressement tout le monde vous a recherché et accueilli chez moi, vous qui n’êtes pas seulement étranger à la famille, mais qui êtes étranger à notre nation. Je dois pourtant vous avouer que vous m’étiez connu plus que je ne vous l’ai dit. J’ai un ami employé