Page:Eugene Simon - La Cité chinoise, 1891.djvu/298

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mariage entre parents ? Ce serait un bouleversement de toutes choses.

— Vos précautions, Ouang-Ming-Tse, seraient superflues en vertu de l’éducation que vous donnez.

— Il ne faut pas demander à des enfants des efforts au-dessus de leur âge et de la nature. Si-Lao-Yé ; les nôtres ne sont pas des saints. Songez que nous nous marions de très bonne heure. Quant à attendre que la raison soit la plus forte, ce serait un véritable désordre. Beaucoup ne se marieraient pas, les filles surtout qui vieillissent plus vite que les garçons. Que deviendraient la morale, la société, la justice ? Une fois mariés, nous nous attachons à nos femmes, nos femmes s’attachent à nous, et j’affirme que nous sommes heureux. Sur dix mille Chinois, il n’y en a peut-être pas cent qui ne soient prêts à rendre le même témoignage. Combien y en aurait-il dans les pays où le mariage se fait dans d’autres conditions, sans parler des individus qui, alors, sont condamnés au célibat ? Le savez-vous, Si-Lao-Yé ? »

Non, Si-Lao-Yé ne le savait pas et il ne le sait pas encore. Aussi croit-il devoir imiter Ouang-Ming-Tse, et renvoyer la question à son frère aîné, le lecteur sous les yeux duquel elle tombera.

« Évidemment, reprit Ouang-Ming-Tse, craignant sans doute d’avoir froissé mon amour-propre d’Européen ; évidemment, votre petit frère parle de choses qu’il ne connaît pas. Chaque peuple a son caractère et, par conséquent, ses mœurs, et il est probable que les choses ne