Page:Eugene Simon - La Cité chinoise, 1891.djvu/301

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cependant très douce et très obéissante. En réalité, elle n’était d’accord avec personne ; même à l’égard de ma femme elle manquait de la déférence que nous étions en droit d’exiger. A cela il n’y avait qu’un remède, c’était d’envoyer son mari et elle vivre chez eux[1] et, pour enlever tout prétexte à leurs soupçons, de leur donner ce qui leur revenait du bien commun. C’est ce que nous décidâmes, et c’est ce qui amena pour chacun de nous la séparation des intérêts. Il y a six mois que c’est un fait accompli. Voilà, Si-Lao-Yé, pourquoi mon jeune fils n’est plus avec nous. La mesure nous a coûté ; maintenant nous nous félicitons de l’avoir prise. Il n’a pas cessé de fréquenter la maison et je n’ai aucun reproche à lui faire: quant à sa femme, elle semble bouder encore ; mais certains indices nous font croire que cela ne durera pas longtemps et que la rebelle fera sa soumission. Inutile de vous dire que nous ne la lui rendrons pas bien dure. Nous commençons à nous faire vieux,

  1. Si l’on prenait au pied de la lettre les articles du code légal ou du code des mœurs, on pourrait croire qu’il y aurait eu pour la famille Ouang-Ming-Tse un autre moyen de sortir d’embarras. Le premier des sept motifs qui, en Chine, justifient le divorce, c’est le manque de déférence de la femme à l’égard de son beau-père ou de sa belle-mère. Seulement il y a un correctif dont le texte ne parle pas, parce qu’il le suppose : il faut le consentement du mari. Voilà pourquoi les Ouang-Ming-Tse ne s’étaient pas servi de ce moyen. En réalité, l’article en question est plutôt un recours et une garantie donnée à la femme contre les caprices de son mari. Il ne faut pas oublier que ce sont les parents de celui-ci qui la lui ont choisie. Autre chose est d’énumérer les textes des lois ou les coutumes d’un pays, autre chose de montrer l’usage que l’on en fait et comment on s’en sert.