Page:Eugene Simon - La Cité chinoise, 1891.djvu/303

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collective de l’humanité dont ils font partie, et cette idée leur est trop chère pour qu’ils ne soient pas prêts à lui faire n’importe quel sacrifice.


V


« Jou men hieou ouen yun kou sê, kouan tcho yong yen pien te tché. En entrant dans une maison, ne demandez pas la fortune de ceux qui l’habitent, considérez leurs visages, et vous le saurez. »

Depuis que je fréquentais les Ouang, je n’avais guère pu faire autrement que de me conformer à cette recommandation de la sagesse des nations ; mais je m’en étais bien pénétré et je m’efforçais de l’appliquer de mon mieux. Je connaissais les plis de toutes les physionomies et tous les coins de l’habitation. J’avais vu partout l’ordre, l’aisance, le bien-être et même le bonheur que donne la sécurité d’un grand nombre de lendemains. Si j’étais tombé de France tout droit au milieu d’eux, je n’aurais pas hésité à leur attribuer la possession de trente à quarante hectares de bonne terre au soleil, ou bien un revenu de cinq à six mille francs. Mais je savais qu’ils n’avaient pas plus de vingt-neuf meous, c’est-à-dire un hectare et quatre-vingt-quatorze ares environ, et comme j’avais vu bien d’autres familles de cultivateurs à peu près dans les mêmes conditions, la situation de celle-ci ne m’étonnait pas