Page:Eugene Simon - La Cité chinoise, 1891.djvu/308

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qu’on ait jamais rêvé. Où pouvait-il, il y a plus de 4,000 ans, c’est-à-dire à une époque où la Chine comptait à peine quelques millions d’habitants, puiser l’inspiration et l’audace d’une pareille entreprise ? Ce n’était pas assurément pour arroser des déserts, des forêts et des landes, qu’il creusait au milieu d’espaces immenses ces réservoirs, ces canaux et ces déversoirs qui, même aujourd’hui, étonnent l’imagination. Ce qu’il voulait, ce qu’il devait logiquement vouloir, après avoir assuré à chacun la jouissance de la terre, c’était lui assurer également, pour le présent et pour l’avenir, le moyen de la mettre en œuvre. Faire que chaque motte de terre pût être abreuvée, c’était faire qu’aucune motte de terre ne pût rester sans être cultivée. Avec l’eau tout devient fertile, le sable se couvre de moissons. Avec l’eau, qu’importe que la couche arable soit mince, qu’importe même qu’elle existe ? Au-dessus d’un sol imperméable, on fait un nouveau sol que l’eau parcourt et qu’elle féconde. Si l’eau est toujours à la portée de la main, à quoi bon des labours profonds ? Si elle est à la surface, pourquoi la plante aurait-elle besoin d’aller la chercher dans les abîmes de la terre ? Avec l’eau, point n’est besoin d’instruments puissants, lourds, coûteux surtout. Point n’est besoin non plus de gros attelages. Un seul buffle, un araire de bois, une bêche, une houe, le moindre des outils suffit. Voilà un matériel de culture bien réduit. Est-il possible d’en trouver un moins dispendieux,