Page:Eugene Simon - La Cité chinoise, 1891.djvu/313

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Il est impossible, on le voit, d’établir avec plus de précision la loi du circulus que la Chine observe religieusement depuis tant de siècles, et à laquelle, il ne faut pas s’y tromper, elle doit de survivre à tant de nations disparues depuis 4,000 ans et de tenir en échec la puissance industrielle et militaire de l’Europe actuelle.

Ainsi, la terre pour tous, l’eau pour tous et l’engrais pour tous, tel a bien été le but assigné par les anciens sages de la Chine, et si bien poursuivi sous chacun de ses aspects par la nation entière, qu’il n’existe pas un coin du territoire où il ne soit atteint maintenant. Les peuples occidentaux ont cru pouvoir fonder leur unité sur des conventions politiques, sur l’existence de prétendues frontières naturelles ou sur des ressemblances ethnographiques de langages, de mœurs, etc. Nous savons ce que valent de pareilles bases, comment on les déplace, et quand on ne peut pas les déplacer, comment on s’en moque. La Chine, elle, a fondé son unité sur la justice et le culte de la terre indivisiblement unis. Aussi ne puis-je m’empêcher de sourire, je l’avoue, lorsque j’entends parler de plans de conquêtes et de démembrement à suivre à son égard. Il n’y a qu’un moyen de la conquérir, c’est de se servir des mêmes armes qu’elle, de faire comme elle. Mais alors nous nous serons conquis nous-mêmes ; et toutes nos unités particulières, au lieu de nous diviser, ne feront plus qu’une grande et même unité, contre laquelle rien ne prévaudra : l’Unité du genre humain.