Page:Eugene Simon - La Cité chinoise, 1891.djvu/326

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temps que chez nous[1]. On y reconnaît même des demi-saisons ; un Chinois sait parfaitement quel jour précis il changera de vêtements pour en reprendre de plus chauds ou de plus légers. On compte sur tant de jours de pluie au printemps, sur tant à l’automne, et il est rare que ces calculs soient bouleversés. Les sécheresses, la plus terrible des calamités pour la Chine, dépendent surtout des hivers. Si les neiges accumulées sur les hautes montagnes du Tibet, d’où descendent les deux grands fleuves qui l’arrosent, n’ont pas été assez abondantes ou si elles ont fondu trop vite, les rivières et les canaux sont bientôt à sec. C’est un désastre certain, à moins que quelque pluie extraordinaire ne vienne à tomber. Les sécheresses sont sans remède. Les inondations, aussi causées par les neiges du Tibet, qu’elles soient en trop grandes masses ou que la fonte en ait lieu trop subitement, ne font pas autant de mal, malgré leurs ravages au milieu de populations si pressées. Les canaux, les réservoirs, les endiguements des fleuves y obvient dans une certaine mesure. Puis, le fléau passé, les paysans rentrent chez eux et repiquent leurs champs au moyen de plants venus des localités non éprouvées. En peu de jours, il n’y paraît plus. On dirait un enchantement. Il n’y a pas d’Européen qui n’en ait été

  1. Un jésuite, le Père Lebouck, qui a écrit en 1880 un livre intitulé la Vie de Monseigneur Dubard, fait la même remarque. Il ajoute cependant que, depuis une dizaine années, il lui a semblé que les saisons avaient présenté des troubles assez fréquents.