Page:Eugene Simon - La Cité chinoise, 1891.djvu/330

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l’individu a offert à la société, ce qu’il lui offre tous les jours, car toutes ces conquêtes ne sont bien en effet que des actes de l’individu, les fruits de sa patience, de ses observations, de ses études, de son goût. La collectivité y eût échoué malgré sa puissance. A elle les œuvres de force depuis longtemps terminées, mais à lui les œuvres d’art et d’intelligence. Voici la part de l’un, voilà la part de l’autre. Ici, l’effacement de la collectivité dont le rôle actif, ostensible, est revenu au minimum indispensable ; là, le triomphe de l’homme sur la chose ; l’exaltation de l’individu non pas sur, mais dans et par la société. J’ai déjà eu l’occasion de signaler cette évolution, unique, je crois, dans le monde ; c’en est la preuve circonstanciée que je soumets aujourd’hui au lecteur, ainsi que le mode suivant lequel elle s’est faite.

Artiste, le Chinois l’est par bien d’autres côtés que ceux qui touchent à l’exercice de son art particulier, de l’agriculture, puisque je ne parle en ce moment que du paysan. Prenez le village de Ouang-Mo-Khi, et dites s’il est possible de trouver un ensemble plus harmonieux de la nature et de la création humaine. Prenez la maison de Ouang-Ming-Tse, et dites si entre cette chose et ce milieu vous ne sentez pas une sorte de rapport tellement intime que vous ne pouvez plus, lorsque vous les avez vus, les séparer l’un de l’autre. Elle est là, sur la pente de la colline, bien à sa place, bien à son plan. Celui qui l’a bâtie ne s’y est pas