Page:Eugene Simon - La Cité chinoise, 1891.djvu/375

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Ma petite Laide et ma petite Rubis étaient maintenant de grandes demoiselles, et ce petit effronté d’A-sen était devenu si timide qu’il semblait ne plus me reconnaître, mais il avait un jeune frère de dix mois dont les grands yeux, fixés sur les miens, avaient l’air de m’interroger avec assez peu de respect.

La propriété aussi avait changé. Elle avait été augmentée d’une douzaine de meous, ce qui avait fait prendre un ouvrier de plus, que Tchen ne tardera pas à remplacer tout à fait.

Quelles bonnes heures j’ai passées au milieu de ces braves gens ! Quels bons souvenirs j’en ai gardés ! Mais pourquoi faut-il que chaque fois qu’ils me repassent par l’esprit d’autres pensées viennent l’attrister ? Pour quoi chez ceux-ci tant de bien-être, de confort, de quiétude et de bonheur ? Pourquoi chez nous tant d’insécurité, d’instabilité, de misère ?

On répondra que les Ouang ont dans la culture du thé un précieux auxiliaire ; mais n’avons-nous pas en France la vigne, le mûrier, l’olivier, la betterave, le tabac et bien d’autres plantes qui, bien cultivées, pourraient valoir le thé ? N’avions-nous pas la garance, que des soins mieux entendus aussi auraient peut-être défendue contre la concurrence des produits industriels ?

On dira que les Ouang habitent un pays où l’on fait cinq récoltes. C’est vrai, mais ils sont quatorze pour moins de deux hectares. Or, fût-il prouvé que notre climat ne permet qu’une récolte, la population devrait