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LES BAKKHANTES.

bait comme un arc, ou comme une roue arrondie au tour. Ainsi cet Étranger, saisissant le rameau montagnard, l’inclinait contre terre, faisant ainsi une chose non humaine. Puis, ayant placé Pentheus au milieu des branches, il laissa le sapin se redresser peu à peu, de peur qu’il le rejetât violemment. Et le sapin se dressa droit dans l’air, ayant le Maître assis sur son dos. Et celui-ci fut aperçu par les Mainades plus tôt qu’il ne les vit. À peine, en effet, était-il apparu au sommet, que l’Étranger cessa d’être visible ; et une voix, dans l’Aithèr, celle de Dionysos, comme on peut le croire, s’écria : — Ô jeunes femmes, j’amène celui qui se rit de vous, de moi, de mes Orgies ! vengez-vous de lui ! — Et, en disant cela, il fit jaillir de terre jusque dans l’Ouranos la splendeur du Feu sacré. Et l’Aithèr se tut, et la forêt feuillue retint le bruit de ses feuillages, et tu n’aurais entendu aucune voix de bête sauvage. Mais les Bakkhantes, n’ayant pas entendu clairement, se dressèrent, portant leurs yeux de toutes parts. Et le Dieu leur commanda de nouveau. Et, dès que les filles de Kadmos eurent compris l’ordre de Bakkhos, elles se ruèrent aussi rapides que des colombes. Agavé et ses sœurs et toutes les Bakkhantes ; et elles étaient emportées à travers la vallée, les torrents et les rochers, rendues furieuses par les souffles du Dieu. Dès qu’elles eurent vu mon Maître assis dans le sapin, elles lui jetèrent d’abord des pierres avec une grande force, étant montées sur une roche comme sur une tour. Et les unes lui lançaient des branches de sapin, et les autres leurs thyrses ; et Pentheus était le malheureux but ; mais elles ne l’atteignaient pas, assis qu’il était à une hauteur inaccessible. Et le misérable restait là, ne sachant que faire. Enfin, ayant rompu des branches de chêne, elles tentèrent