Page:Euripide - Electre, 1908, trad. Herold.djvu/19

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moi ! En quelle ville et en quelle maison, malheureux frère, es-tu esclave ? (Elle s’arrête.) Parmi les maux les plus cruels, dans les demeures paternelles tu laisses ta triste sœur ! Viens, et délivre-moi des peines que je souffre, ô Zeus, Zeus ! et sois le vengeur du meurtre détestable du père ! Porte en Argos ton pied errant. (De nouveau elle pose la cruche.) Pose ce vase, décharges-en ta tête. Je veux répéter à mon père le cri de ma plainte nocturne. Le cri, le chant d’Hadès, ô père, mes plaintes, je te les envoie sous terre ; chaque jour je m’y abandonne ; des ongles je me déchire la gorge, et de mes propres mains je frappe ma tête rasée, à cause de ta mort. — Ah ! ah ! déchire ta tête ! Comme un cygne à la voix sonore, près des ondes fluviales, appelle un père très chéri, mort dans les pièges perfides des filets, ainsi je pleure sur toi, ô malheureux père — qui t’es plongé aux eaux du dernier bain, dans la baignoire de la mort. Hélas pour moi ! Hélas pour moi ! La blessure amère de la hache, ô père, et le retour amer de Troie ! Ce n’est point avec des bandelettes ni des couronnes que te reçut l’épouse ; mais, par l’épée funeste, elle fit, t’outrageant, d’Égisthe, du trompeur son époux !

Électre reprend la cruche et marche vers la maison. — Le jour a grandi. Entrent des paysannes qui forment le chœur. D’un geste, une d’elles arrête Électre qui pose la cruche à terre.
PREMIÈRE PAYSANNE

Fille d’Agamemnon, je suis venue, Électre, vers ta demeure agreste. Il est venu un homme, il est venu un Mycénien, un montagnard buveur de lait. Les Argiens, annonce-t-il, font proclamer par le héraut qu’un sacrifice aura lieu dans trois jours et