Page:Euripide - Electre, 1908, trad. Herold.djvu/41

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coup de filet que je médite ; et j’ai confiance ; il ne faudrait plus croire aux Dieux, si l’injustice l’emportait sur la justice.

PREMIÈRE PAYSANNE.

Tu es venu, tu es venu, ô jour tardif ! tu as brillé, tu as montré à la ville ce feu éclatant qui ayant erré dans l’exil ancien, loin des demeures paternelles, le malheureux, nous est revenu ! Un Dieu, un Dieu nous ramène la victoire. Amie, élève tes mains, élève tes paroles, envoie aux Dieux des prières, des prières, afin que ton frère entre dans la ville, avec la fortune, avec la fortune !

ORESTE.

C’est bien, j’ai de chers plaisirs à nos embrassements, et nous les renouvellerons un jour. (Se tournant vers le vieillard.) Mais toi, vieillard, car tu es venu à propos, parle : que faire pour punir le meurtrier de mon père, et ma mère, la complice des noces sacrilèges ? Ai-je dans Argos quelques amis fidèles ? ou bien, sommes-nous dépouillés de tout, comme notre fortune ? À qui faut-il me réunir ? la nuit ? le jour ? Par quel chemin marcher contre nos ennemis ?

LE VIEILLARD.

Enfant, tu n’as pas un ami, car tu es malheureux. C’est un rare bonheur que d’avoir avec qui partager la mauvaise comme la bonne fortune. Et toi, comme tu es ruiné de fond en comble, au point que tes amis n’espèrent plus rien pour toi, sache que par ton bras seul et par ta bonne chance tu pourras t’emparer de la demeure paternelle et de ta ville.

ORESTE.

Et que ferai-je pour parvenir à mon but ?