Page:Euripide - Théâtre, Artaud, 1842, tome 1.djvu/116

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avis sages et prudents, s’ils échouent momentanément, n’en sont pas moins utiles plus tard. Telles sont les vues qui doivent guider le chef du peuple : car la position est tout à fait semblable et pour l’orateur, et pour celui qui gouverne. Son avis a été de te lapider ainsi qu’Oreste : Tyndare suggérait ces raisonnements à celui qui demandait votre mort. Un autre s’est levé pour combattre son avis : son extérieur n’a rien d’agréable, mais c’est un homme de cœur, fréquentant rarement la ville et l’assemblée ; il cultive son champ de ses propres mains (voilà ceux qui sauvent la patrie) ; plein de sens, et allant droit au but dans ses discours, de mœurs pures, irréprochable dans sa vie. Il a dit que le fils d’Agamemnon méritait une couronne pour avoir osé venger son père, et tuer une femme coupable et impie, dont le crime empêcherait désormais de prendre les armes, et de quitter ses foyers pour aller combattre, si ceux qui restent corrompent la vertu des femmes et souillent la couche des époux. Tous les gens de bien applaudirent à ce discours, et personne ne parla après lui. Mais ton frère survient, et dit : [931] « Ô vous, habitants de la terre d’Inachus, autrefois Pélasges, puis enfants de Danaüs, c’est pour vous venger, aussi bien que mon père, que j’ai tué ma mère. Car si on permet aux femmes le meurtre de leurs maris, une mort précoce vous frappera, ou il vous faudra être esclaves de vos femmes ; et vous ferez le contraire de ce qu’il faut faire. Maintenant celle qui a trahi la foi qu’elle devait à mon père est morte : si vous me faites mourir, la loi n’a plus de force, et nul n’échappera à la mort. On verra se multiplier les attentats