Page:Euripide - Théâtre, Artaud, 1842, tome 1.djvu/42

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 sans enfants, sans époux, sans patrie, réduite au désespoir.

HÉCUBE.

[670] Tu ne m’apprends rien de nouveau ; toutes ces misères me sont bien connues. Mais pourquoi m’apportes-tu le corps de Polyxène ? On m’avait dit que tous les Grecs s’empressaient de lui rendre les derniers devoirs.

L’ESCLAVE.

Hélas ! elle ne sait rien ; c’est Polyxène qu’elle pleure ; elle ne soupçonne pas de nouveaux malheurs.

HÉCUBE.

Ah ! malheureuse que je suis ! est-ce la tête sacrée de la prophétesse Cassandre que tu m’apportes ici ?

L’ESCLAVE.

Celle dont tu parles est vivante ; mais tu ne pleures pas celui qui est mort. Contemple ce corps dépouillé (31) ; un prodige inattendu frappera tes regards.

HÉCUBE.

[681] Odieux !… mon fils mort ! mon fils Polydore, réfugié en Thrace chez un ami ! Ah ! je succombe, je me meurs ! Ô mon fils ! mon fils ! Hélas ! je me livre aux transports de ma douleur : je connais enfin les calamités dont m’accable un impitoyable ennemi.

L’ESCLAVE.

Infortunée ! connais-tu donc le sort funeste de ton fils ?

HÉCUBE.

Je vois des forfaits incroyables, inouïs ! Aux malheurs s’enchaînent de nouveaux malheurs. Jamais un jour sans larmes et sans gémissement ne brillera pour moi.

LE CHŒUR.

Infortunée, quels maux terribles nous souffrons !

HÉCUBE.

Ô