Page:Euripide - Théâtre, Artaud, 1842, tome 1.djvu/443

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Hermione

Le vieillard Pélée a protégé les méchants.

Oreste

Avais-tu quelque complice de ce meurtre ?

Hermione

Mon père, venu de Sparte dans ce dessein même.

Oreste

Aurait-il ensuite été vaincu par la main d’un vieillard ?

Hermione

Non, mais par la honte : il est parti, et m’a laissée seule.

Oreste

Je comprends ; tu crains la colère de ton époux, quand il saura ce que tu as fait.

Hermione

Tu l’as dit. Il me tuera, et je le mérite : à quoi bon le nier ? Mais je t’en conjure par Jupiter protecteur des liens du sang, emmène-moi le plus loin possible de ce pays, ou dans la maison paternelle ; envoie-moi aux extrémités de la terre. Ces murs me semblent prêts à me chasser, s’ils pouvaient prendre la parole ; la terre de Phthie m’a en horreur. Si mon époux, laissant l’oracle d’Apollon, arrive avant que tu ne m’aies délivrée, la mort punira mon forfait ; ou je deviendrai l’esclave de cette concubine, dont j'étais naguère la maîtresse.

Oreste

Comment donc as-tu commis une pareille faute ?

Hermione

De méchantes femmes m’ont perdue par leurs conseils ; elles m’ont enflé le cœur par un langage tel que celui-ci : « Souffriras-tu dans ta maison une vile captive, une esclave qui partage ta couche ? J’en jure par notre