Page:Euripide - Théâtre, Artaud, 1842, tome 1.djvu/446

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le connaîtra quand il sera temps. Le parricide lui apprendra, si les serments de mes amis sont fidèlement gardés sur la terre delphique, qu’il ne devait pas épouser celle qui me fut promise. La vengeance qu’il a demandée à Apollon du meurtre de son père, lui coûtera cher, et son repentir lui servira peu auprès du dieu qui doit le punir. Mais la mort sera le châtiment de ses accusations contre le dieu et contre moi, et il apprendra ce que peut ma haine : car Dieu renverse la fortune de ses ennemis, et se plaît à briser leur orgueil.

Il sort avec Hermione.
le chœur

Ô Phébus, qui élevas de solides remparts sur la colline d’Ilion, et toi, dieu des mers, dont le char traîné par des chevaux marins traverse la plaine liquide, pourquoi avez-vous laissé outrager l’ouvrage de vos mains, en abandonnant la malheureuse Troie aux fureurs du dieu des combats ?

Vous avez attelé les chars belliqueux sur les bords du Simoïs ; vous avez moissonné les guerriers dans des combats meurtriers, pour lesquels il n’est point de couronne ; et les rois d’Ilion sont renversés dans la poussière : le feu ne brûle plus sur les autels des dieux dans Troie, et ne fait plus monter aux cieux la fumée des sacrifices.

Le fils d’Atrée est mort par la main de son épouse ; elle-même a payé son crime de la vie, en tombant sous les coups de son fils. La parole d’un dieu le fit agir : sur la foi de l’oracle, le fils d’Agamemnon, parti d’Argos, pénétra dans l’asile intérieur, et devint le meurtrier de sa mère !… Ô dieu ! ô Phébus ! comment pour-