Page:Euripide - Théâtre, Artaud, 1842, tome 1.djvu/50

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 l’armée. Sache donc bien que je suis tout disposé à te secourir et à seconder tes vœux ; mais mon zèle sera bien ralenti, si je dois encourir les accusations des Grecs.

HÉCUBE.

[864] Non, il n’est aucun mortel qui puisse se dire libre : il est esclave des richesses ou de la fortune ; les caprices de la multitude ou les ordres des lois l’empêchent de suivre son caractère et sa volonté. Mais puisque tu crains et que tu cèdes à la multitude, je veux, moi, t’affranchir de cette crainte. Tu peux avoir connaissance de mes desseins contre le meurtrier de mon fils, sans y coopérer toi-même. Mais s’il s’élève quelque tumulte, si les Grecs viennent au secours du Thrace, au milieu de son supplice, contiens-les sans paraître me protéger. Quant au reste, sois tranquille, je saurai agir comme il faut.

AGAMEMNON.

[877] Quoi donc ! que penses-tu faire ? Veux-tu, armant d’un glaive ta main débile, percer le cœur du barbare, ou le feras-tu périr par le poison ? Quel secours espères-tu ? quel bras te prêtera son aide ? où trouveras-tu des amis ?

HÉCUBE.

Ces tentes recèlent dans leur sein une troupe de Troyennes.

AGAMEMNON.

Tu veux dire ces captives, la proie des Grecs ?

HÉCUBE.

Avec elles je punirai mon assassin.

AGAMEMNON.

Et comment des hommes seront-ils vaincus par des femmes ?

HÉCUBE.