Page:Euripide - Théâtre, Artaud, 1842, tome 1.djvu/523

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Allons, verse à grand bruit, afin qu’après avoir bu j’en conserve le souvenir.

Ulysse

Tiens.

Silène

Oh !… quel bouquet délicieux !

Ulysse

Tu l’as donc vu ?

Silène

Non, par Jupiter ; mais je le sens.

Ulysse

Goûte-le à présent, afin de ne pas louer seulement en paroles.

Silène

Bon ! bon ! Bacchus m’invite à danser. Ah ! ah ! ah !

Ulysse

A-t-il arrosé ton gosier comme il faut ?

Silène

Je le sens jusqu’au bout des ongles.

Ulysse

[160] En outre, je te donnerai aussi de l’argent.

Silène

Lâche-moi seulement l’outre, et garde ton or.

Ulysse

Apportez à présent vos fromages et vos moutons.

Silène

[163] Je vais le faire, sans me soucier de mon maître ; car pour boire un seul coup, je donnerais de bon cœur tous les troupeaux des Cyclopes ; et je consens à être précipité dans la mer du haut du rocher de Leucade, une fois que l’ivresse aura épanoui mon visage. Il faut être fou pour ne pas aimer à boire : en buvant, on se livre aux jouissances de l’amour[1],

  1. Ici la sensualité du vieillard lascif s’exprime en termes que nous ne pouvons reproduire Littéralement en français. Voici le mot à mot en latin : ln quo est hocce erectum excitare, Mammoruque contrectatio, et paratum Tangere manibus pratum, etc. Le mot λειμών, pratum, a ici le même sens que κῆπος, hortus, employé par d’autres poètes. Idem valet ac pudendum rnuliebre.