Page:Euripide - Théâtre, Artaud, 1842, tome 1.djvu/526

La bibliothèque libre.
Cette page n’a pas encore été corrigée

quel est ce jeu ? pourquoi ces bacchanales ? Vous n’avez ici ni Bacchus, ni les grelots d’airain, ni le bruit des tambours. Comment vont les petits récemment nés dans ma caverne ? sont-ils pendants à la mamelle de leurs mères, ou se jouent-ils à leurs côtés ? les corbeilles de joncs sont-elles remplies de fromages ? Que dites-vous ? que répondez-vous ? Tout à l’heure ce bâton va vous faire pleurer. Levez les yeux, ne les baissez pas vers la terre.

Le chœur

Tiens, nous les levons jusqu’à Jupiter lui-même ; je vois les astres et Orion.

Le cyclope

Mon dîner est-il prêt ?

Le chœur

Oui ; pourvu que ton estomac le soit aussi.

Le cyclope

Et les coupes sont-elles pleines de lait ?

Le chœur

Si pleines, qu’il ne tient qu’à toi d’en boire un tonneau entier.

Le cyclope

Est-ce du lait de brebis, ou de vache, ou mêlé ?

Le chœur

Comme tu le voudras : seulement ne m’avale pas moi-même.

Le cyclope

[220] Je m’en garderai bien ; car, en sautillant dans mon ventre, vous me feriez périr par vos gambades. Apercevant tout à coup les Grecs et Silène, qui feint de les repousser Oh ! oh ! quelle est cette troupe que je vois près de I’étable ? Ce sont des pirates ou des voleurs venus sur ce rivage. Et vraiment, je vois des agneaux de ma caverne,