Page:Euripide - Théâtre, Artaud, 1842, tome 1.djvu/537

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dans un vaisseau prêt à nous recevoir, et, faisant force de rames, nous fuirons loin de cette terre.

Le chœur

[469] Nous sera-t-il permis, comme t’ayant prêté serment après les libations, de tenir aussi le tison qui doit crever l’œil du Cyclope ? car je veux prendre part à son supplice.

Ulysse

Il le faut bien, Le tison est grand : il faudra que tu nous aides à le porter.

Le chœur

Ah ! je porterai, s’il le faut, le poids de cent chariots, pour avoir le plaisir de broyer, comme un guêpier, l’œil de ce maudit Cyclope.

Ulysse

Taisez-vous maintenant ; vous savez tous mes projets : lorsque je vous le dirai, soyez dociles à la voix du chef de l’entreprise ; car j’ai là-dedans des amis que je n’abandonnerai pas pour me sauver seul. Je pourrais fuir en cet instant, puisque je suis sorti de l’antre ; mais il n’est pas juste de laisser en ces lieux les amis qui m’y ont accompagné, et de ne songer qu’à mon propre salut.

Il rentre dans la grotte

Demi-chœur

[483] Allons. Qui sera le premier ? qui marchera après le premier, pour porter le tison ? qui l’enfoncera dans les paupières du Cyclope, pour percer l’œil qui l’éclairé ?

On entend des chants dans l’intérieur .

Demi-chœur

Silence, silence. Déjà ivre, ce grossier chanteur, qui