Page:Euripide - Théâtre, Artaud, 1842, tome 1.djvu/543

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Ah ! la vigne est assurément un bois admirable !

Ulysse

Si après tu bois beaucoup après avoir beaucoup mangé, en arrosant ton estomac, même sans soif, tu tomberas dans un doux sommeil : mais si tu laisses quelque chose, Bacchus te séchera le gosier.

Le cyclope

Oh ! oh ! j’ai eu grand’peine à m’échapper à la nage, et, grâce au vin pur. Le ciel me paraît se confondre avec la terre. Je vois le trône de Jupiter et la troupe sacrée des dieux ; les Grâces me font des coquetteries. Mais je me contente de ce Ganymède, et c’est bien juste, par les Grâces. J’aime mieux les garçons que les filles.

Silène

[585] C’est moi, Cyclope, qui suis le Ganymède de Jupiter.

Le cyclope

Oui, par Jupiter, et je t’enlève à la Dardanie.

Silène

Je suis perdu, mes enfants ; je vais subir un indigne traitement.

Le chœur

Quoi ! tu te fâches contre ton amant, et tu te moques de son ivresse ?

Silène

Hélas ! ce vin-là va me devenir bien amer. Le Cyclope entraîne Silène dans la caverne

Ulysse

[590] Courage, fils de Bacchus, enfants généreux ; le Cyclope est rentré dans sa caverne ; bientôt vaincu par le sommeil, il rejettera de son gosier infâme les chairs dont il s’est repu déjà. Le tison fume dans l’antre. Il ne reste plus