remets-lui ta lettre ; il la portera à Argos, et remplira tes désirs ; et moi, j’abandonne ma vie à qui la voudra. Quoi de plus lâche que se sauver soi-même, après avoir plongé son ami dans la détresse ? Mais celui-ci est mon ami, et ses jours me sont plus précieux que les miens.
Ô généreux caractère ! combien doit être noble la source où tu as puisé ce dévouement pour tes amis ! puisse te ressembler celui des miens qui survit ! Car, étrangers, moi aussi j’ai un frère ; mon seul malheur est de ne pas le voir. Mais puisque tu le veux ainsi, nous enverrons ton ami porter mon message ; et toi, tu mourras. Une grande passion pour cet ami te possède.
Mais qui me sacrifiera ? qui remplira ce cruel office ?
Moi : je suis prêtresse de la déesse.
Office indigne de toi, ô jeune fille, et bien horrible !
Mais la nécessité m’y oblige : il faut obéir.
Quoi ! une femme, plonger le glaive dans le sein des hommes !
Non ; mais je répandrai l’eau lustrale sur ta chevelure.
Et quel sera le sacrificateur, si cette question m’est permise ?
Ceux qu’on charge de ce soin sont dans ce temple.
Et quel tombeau me recevra après ma mort ?