Page:Euripide - Théâtre, Artaud, 1842, tome 2.djvu/141

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vaisseau grec avec un équipage complet prêt à voler sur les ondes, et cinquante rameurs, les rames levées, et les deux jeunes gens, libres de leurs fers, s’approchant de la poupe. Sur le navire, les uns maintenaient la proue avec de longues perches, les autres suspendaient les ancres, d’autres s’empressaient de disposer les échelles, et tiraient les câbles qu’ils jetaient dans la mer aux deux étrangers. Pour nous, à la vue de cette machination trompeuse, déposant toute crainte, nous nous emparons de la prêtresse et des câbles, et nous nous efforçons d’arracher le gouvernail. On entre en explication : « Pourquoi, disons-nous, vous embarquer en dérobant nos statues et nos prêtresses ? Qui es-tu, quel est ton père, toi qui enlèves cette femme ? » — L’un d’eux répond : « Je suis Oreste, son frère, fils d’Agamemnon, si tu veux le savoir. Je retrouve ma sœur que j’avais perdue, et je la ramène dans sa patrie. » Nous n’en retenions pas moins l’étrangère, et nous tâchions de la forcer tous à nous suivre auprès de toi. Alors on eu vint aux coups à la figure ; car ainsi qu’eux nous étions sans armes : les coups de poing retentissaient, et les bras des deux jeunes gens à la fois tombaient sur nos flancs et sur notre poitrine ; aussi, bientôt épuisés, nos membres se refusent a continuer le combat. Portant les marques cruelles de la mêlée, nous fuyons sur les hauteurs, avec de sanglantes blessures, les uns à la tête, les autres aux yeux. Postés sur la colline, nous combattions avec plus de sûreté, et nous lancions des