Page:Euripide - Théâtre, Artaud, 1842, tome 2.djvu/159

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lugubres, non plus telle qu'autrefois, appuyée sur le sceptre de Priam, aux sons cadencés du mode phrygien, je donnais le signal des danses en l'honneur des dieux (12).

DEMI-CHOEUR.

[153] Hécube, pourquoi ces pleurs? pourquoi ces cris? que signifient ces paroles? Nous avons entendu les gémissements lamentables que tu pousses ; la frayeur s'empare du cœur des Troyennes renfermées dans cette tente, où elles déplorent leur captivité.

HÉCUBE.

O mes enfants ! déjà les vaisseaux des Grecs sont mis en mouvement par les rames agiles.

DEMI-CHOEUR.

Malheureuse que je suis, que veulent-ils ? est-ce donc le moment où ils vont m'entraîner loin de la terre de ma patrie ?

HÉCUBE.

Je l'ignore ; je conjecture seulement notre malheur.

DEMI-CHOEUR.

Hélas ! hélas ! ô Troyennes infortunées, venez apprendre votre triste sort ; accourez hors de ces tentes, les Grecs se disposent à partir.

HÉCUBE.

[168] Ah ! ne faites pas sortir avec vous Cassandre (13), dans les transports dont un dieu l'agite, elle à qui les Grecs réservent le déshonneur : ce serait ajouter à mes douleurs.

O Troie ! ô Troie, ville infortunée, tu n'es plus ! Malheureux ceux qui t'abandonnent, soit qu'ils vivent, soit qu'ils meurent.