Page:Euripide - Théâtre, Artaud, 1842, tome 2.djvu/181

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[725] Il faut qu'Astyanax soit précipité du haut des tours d'Ilion. Cela doit s'accomplir ; montre ta sagesse en te résignant et en te soumettant sans résistance. Ne te flatte pas de pouvoir t'opposer aux volontés des Grecs ; songe à ta faiblesse : sans époux, sans patrie, tu es au pouvoir d'un maître, et nous sommes plus forts qu'il ne faut pour réduire une femme. Évite donc un combat inégal ; ne tente rien d'indigne de toi, et n'éveille point la haine ; garde-toi même de lancer des imprécations contre les Grecs ; car si tu irrites l'armée par tes menaces, on refusera à ton fils la sépulture et les lamentations funèbres ; si, au contraire, tu supportes tes maux en silence et avec courage, tu ne priveras pas son corps des derniers honneurs, et toi-même tu obtiendras des Grecs un traitement plus doux.

ANDROMAQUE.

[740] Ô mon fils, ô doux objet de ma tendresse, tu vas périr par une main ennemie, tu vas abandonner ta mère désolée ! C'est la valeur de ton père qui te tue (37), elle qui fut le salut de tant d'autres. La vertu de ton père t'a mal servi. Ô hymen infortuné, couche nuptiale, lorsque j'entrai dans le palais d'Hector, devais-je croire, en lui donnant un fils, que j'offrais aux Grecs une victime, et non un maître à l'opulente Asie? Tu pleures, ô mon fils! as-tu le sentiment de tes maux? Pourquoi tes mains m'embrassent- elles? pourquoi t'attacher à ma robe, comme un jeune oiseau s'abrite sous l'aile de sa mère (38) ? Hector ne sortira