Page:Euripide - Théâtre, Artaud, 1842, tome 2.djvu/200

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TALTHYBIUS.

[1260] Chefs des cohortes, rassemblés pour embraser la ville de Priam, ne conservez plus dans vos mains la flamme inactive, lancez, les torches ardentes, afin qu'après avoir renversé Ilion de fond en comble, nous retournions pleins de joie dans notre patrie. Et vous, filles des Troyens, pour dire la même chose d'une double manière, dès que les chefs de l'armée feront entendre le son éclatant de la trompette, rendez- vous aux vaisseaux qui doivent vous transporter en Grèce. Et toi, Hécube infortunée, suis ces soldats envoyés par Ulysse, à qui le sort t'a donnée pour esclave.

HÉCUBE.

[1272] Ah ! malheureuse ! me voilà donc enfin au dernier terme de mes douleurs ! En quittant ma patrie, je la vois réduite en cendres. Cependant, ô mes pieds infirmes et chancelants, faites effort pour vous hâter, que je dise un dernier adieu à ma déplorable patrie. O Troie, dont la puissance brilla jadis chez les nations barbares, bientôt ton nom célèbre ne sera plus. La flamme dévore tes murs, et l'on nous emmène en esclavage. O dieux!... Mais pourquoi invoquer les dieux ? depuis longtemps ils n'entendent plus nos invocations. . . Courage, élançons-nous dans le bûcher enflammé, ce sera un glorieux destin pour moi, de mêler ma cendre aux cendres de ma patrie.

TALTHYBIUS.

Malheureuse, ta douleur t'égare ! Emmenez-la, ne l'épargnez pas : il faut qu'elle soit remise entre les mains d'Ulysse, comme le lot qui lui revient.

HÉCUBE.

Ah I ah ! hélas... fils de Saturne, père des Phrygiens,