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ION

Ion

Quelle est donc la cause mystérieuse de ce chagrin ?

Créuse

Rien : j’ai soulagé mon cœur[1] : sur le reste je me tais, et toi, ne t’en inquiète plus.

Ion

Qui es-tu ? d’où viens-tu ? quelle est ta patrie ? de quel nom dois-je t’appeler ?

Créuse

Créuse est mon nom ; je suis fille d’Érechthée ; Athènes est ma patrie.

Ion

Ô habitante d’une ville illustre, fille de nobles parents, combien je te révère !

Créuse

Heureuse de ce côté, ô étranger, je ne le suis point d’ailleurs.

Ion

Au nom des dieux, ce que l’on raconte est-il vrai ?

Créuse

À quel fait se rapporte ta question, étranger ? je désire le savoir.

Ion

L’aïeul de ton père était, dit-on, fils de la Terre ?

Créuse

C’est Érichthonius que tu veux dire : mais que me sert une illustre naissance ?

Ion

Est-il vrai que Minerve l’enleva de la terre ?

Créuse

Dans ses mains virginales, sans l’avoir enfanté[2].

  1. Littéralement : « j’ai déposé l’arc. »
  2. Voyez plus haut la note sur le vers 21, p. 438