mais ma patrie ! puisse la mort interrompre le cours de ses jeunes années ! Cette invasion étrangère serait pour Athènes un sujet de douleur. C’est assez de la race de l’antique roi Érechthée.
Vieillard, qui jadis veillas sur l’enfance de mon père Érechthée, monte jusqu’au lieu saint où Apollon rend ses oracles, pour partager ma joie, si la réponse d’Apollon me permet l’espoir d’être mère. Il est doux de faire part à ses amis de son heureuse fortune ; ou si, ce qu’aux dieux ne plaise, il arrive quelque malheur, on aime à reposer ses yeux sur un mortel bienveillant. Quoique ta maîtresse, je t’honore ainsi qu’un père, comme autrefois tu honoras le mien.
Ma fille, tes sentiments sont dignes de tes illustres ancêtres, tu ne déshonores point l’antique race autochtone dont tu sors. Conduis, conduis mes pas vers le temple, soutiens-moi : le sanctuaire de l’oracle m’est rude à gravir ; remédie à ma vieillesse, en aidant ma démarche chancelante.
Suis-moi, observe bien où tu poses tes pas.
Ainsi fais-je. Mon pied est lent, mais mon âme est prompte.
Appuie-toi sur ton bâton dans ce sentier tortueux.
Mon bâton aussi est aveugle, et ma vue est fort courte.