Page:Eyma, Les peaux noires, Lévy, 1857.djvu/112

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— Je ne sais pas où est Madeleine ; je ne puis pas la trouver, je l’appelle et elle ne me répond pas, murmura le mulâtre, en s’affaissant sur un siége.

L’inquiétude dont paraissait agité Jérémie, la personne de Madeleine mise en jeu, avaient suffi pour réveiller, comme par miracle, toute cette population noire, et pour la tirer de sa torpeur habituelle. On voyait la vaste savane sillonnée en tous sens par des bandes de nègres, allant, courant, furetant de tous côtés, se questionnant les uns les autres, et indiquant par des signes négatifs l’inutilité de leurs recherches. Les visages, simplement affairés tout à l’heure, se montrèrent bientôt anxieux et terrifiés.


XXVIII


Au plus fort de cette agitation, on vit déboucher par l’allée conduisant au bourg de la Basse-Pointe un hamac porté à dos par quatre vigoureux nègres, le torse nu, le pantalon de toile bleue retroussé jusqu’au genou, et la main armée d’un gros bâton noueux. Quatre autres nègres, sorte de relais ambulant[1], suivaient ou marchaient à côté du hamac, chargés de plus légers fardeaux.

Ce hamac, un peu de la famille des palanquins asiatiques, s’arrêta à la porte de la case de Jérémie ; une jeune femme en descendit, étonnée du peu d’empressement de l’économe et des domestiques de la case à venir au-devant d’elle. Cependant l’apparition du cortége voyageur, à l’entrée de l’allée de vieux tamariniers et proche

  1. On les nomme dans le pays des rechanges.