Page:Eyma, Les peaux noires, Lévy, 1857.djvu/114

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— Je ne sais ce que vous voulez dire, Monsieur !…

La jalousie entrait pour moitié dans cette colère de madame de Mortagne.

Du groupe de nègres qui s’étaient réunis aux abords de l’étang, un cri lugubre et terrible s’échappa tout à coup. Firmin et madame de Mortagne s’élançant à la porte aperçurent deux nègres le corps à moitié sorti de l’eau verte et boueuse de l’étang, élevant au-dessus de leur tête le cadavre roidi d’une femme.

— Madeleine ! s’écria Firmin d’une voix qui déchira le cœur de madame de Mortagne.

Et, courant au-devant du cadavre de la jeune fille, il le saisit dans ses bras, l’apporta dans la case et le dépose sur le lit de la chambre.

— Morte ! murmura-t-il après avoir palpé le cœur et le pouls de la pauvre Madeleine, morte ! mon Dieu !

À ce cri, ceux qui étaient dans la chambre et ceux qui étaient dehors tombèrent à genoux. Un sanglot unanime répondit au sanglot que poussa Firmin.

Jérémie, le visage collé à celui de Madeleine, releva tout à coup la tête.

— Monsieur de Lansac, dit-il d’une voix coupée par les larmes, n’oubliez jamais que Madeleine est morte pour rester digne de votre amour !

Il se pencha de nouveau sur ce front glacé par la mort. Firmin appuya ses lèvres sur une des mains de Madeleine, et tous les deux ne quittèrent la chambre que lorsque le dernier clou fut enfoncé dans le couvercle du cercueil.