Page:Eyma, Les peaux noires, Lévy, 1857.djvu/237

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VI


Le lendemain, André se rendit à l’église qu’il trouva déserte.

Autant par précaution que par impatience, il avait devancé l’heure du rendez-vous. Il se tint debout à la porte, l’oreille et l’œil attentifs. Plus de vingt femmes, le visage couvert d’une mante ou d’un voile, passèrent sans que rien dans leurs gestes, dans leurs regards, dans leurs paroles fît soupçonner à André celle qu’il attendait. Trois femmes entrèrent quand l’église commençait à s’emplir déjà. En passant devant lui, l’une d’elles laissa tomber ce seul mot :

— Venez !

André frissonna de la tête aux pieds ; il observa la place que les trois femmes allaient occuper, et les y rejoignit. Pendant que deux d’entre elles s’agenouillaient sur les dalles du temple, la troisième déroula un long rosaire, et tout en feignant de l’égrener, elle murmura ces mots, sans même tourner la tête du côté d’André :

— Ce soir, à l’heure de l’oraison, trouvez-vous à la