Page:Eyma, Les peaux noires, Lévy, 1857.djvu/251

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Comme toutes les Espagnoles de ces pays, elle était de taille moyenne. Elle avait le teint mat, mais la vie circulait sous cette blanche épiderme avec un sang riche et généreux. Ses yeux étaient une double fournaise ; elle les avait aussi grands que sa bouche, qui était des plus mignonnes. Ses pieds étaient petits ; ses mains plus petites encore, je crois ; le bras rond, mais musculeux, les épaules grasses et arrondies. Et puis tout cela était animé par un je ne sais quoi qui n’a de nom dans aucune langue, pas même dans celle de l’amour, un je ne sais quoi qui fait que l’on reste hébété devant une pareille femme, et que l’on se jette à ses genoux.

C’est le moyen qu’André trouva le plus éloquent pour dire à Antonia :

— Je vous trouve belle comme un rêve. On m’avait promis un ange, je trouve une femme, ce qui vaut bien mieux.

Le silence d’André menaçait de devenir embarrassant pour Antonia. Il le sentit. Et au bout de quelques instants, quand il fut revenu à lui :

— Madame, lui dit-il, que puis-je faire pour mériter toutes les bontés dont vous m’honorez ?

Antonia parut faire un effort, et, d’une voix évidemment troublée par l’émotion :

— J’ai su, seigneur cavalier, répondit-elle, que vous aviez manifesté le désir de me remercier de l’hospitalité que je vous ai offerte dans mon hôtel le jour où vous fûtes blessé.

— C’était vous ! s’écria André en l’enveloppant du regard.

— Moi-même ! Et comme il ne m’était point possible de vous voir à la Havane, j’ai obtenu de ma bonne nourrice qu’elle me prêtât sa maison pour accepter vos remerciements d’une action si simple.