Page:Eyma, Les peaux noires, Lévy, 1857.djvu/74

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pier de la chandelle, assez pour que Madeleine ne pût pas lire la signature.

— Rien ! dit Jérémie, rien ; c’est que cette lettre est signée d’un ami dont je n’avais pas de nouvelles depuis plus de vingt ans ;… elle m’a causé une surprise et une joie…

— Je vous laisse alors…

— Oui… oui… répondit très-vite l’économe ; j’ai à causer d’affaires avec Monsieur.

Madeleine remarqua que son père était ému et que ses mains tremblaient. Elle sortit néanmoins.

Une fois Madeleine partie, Jérémie s’assit pour lire la lettre dans laquelle Firmin, rappelant au mulâtre les offres de service qu’il lui avait faites, lui recommandait de la manière la plus pressante un jeune Européen arrivé tout fraîchement de Bordeaux, et qui désirait se placer sur une habitation.

M. le comte de Lansac a été bien avisé de vous adresser à moi, Monsieur ; je ne puis rien lui refuser, surtout pour l’aider dans une bonne action.

— Merci, répondit Firmin en baissant la tête.

— Et comment vous nomme-t-on ?

— Claudien.

— Que savez-vous faire ?

— Je viens vous demander de m’apprendre votre état, pour lequel je me sens quelque goût. M. le comte de Lansac m’a donné à espérer que vous voudriez bien me garder en apprentissage ici.

— Hum ! murmura l’économe en se grattant la tête, nous verrons cela… nous verrons cela, d’ici à demain nous en causerons… Mais, en attendant, vous devez être fatigué, vous devez avoir appétit et sommeil ; je vais vous faire servir un morceau et dresser un lit ici. Mais, reprit-il après s’être assuré que Madeleine n’écoutait point derrière la porte, mais à une condition…