Page:Eyma, Les peaux noires, Lévy, 1857.djvu/79

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conforme à tous les faits analogues qui s’accomplissent aux colonies[1]. Il s’agissait seulement de savoir si elle était applicable dans l’espèce. Firmin n’avait pas manqué de s’arrêter à cette idée que, de la part de Jérémie, ce pouvait bien être un prétexte pour l’éloigner. Aussi ne se laissa-t-il pas persuader sans objection.

— Ce que vous venez de me dire là est étrange, répliqua le faux Claudien ; il paraît que les choses se passent de la même manière, non-seulement sur l’habitation de M. de Lansac, mais dans tout le quartier ; et c’est pourquoi il m’avait adressé à vous, m’assurant que ce domaine-ci jouissait d’une réputation excellente, grâce à votre bonne administration. Or, comme je suis venu à vous sous le patronage de M. de Lansac, si vous ne pouvez pas me recevoir, je m’en retournerai d’où je suis parti.

Firmin avait tendu ainsi un piége habile au vieux mulâtre, en le mettant, comme on dit, tout à fait au pied du mur.

— Bon Dieu ! s’écria Jérémie, M. de Lansac croirait que je suis un ingrat, oublieux du service qu’il nous a rendu, à moi et à mon enfant… Oh ! non, non ! je ne veux pas qu’il suppose cela ! Eh bien ! essayez pendant un jour ou deux…

— Pas seulement pendant une minute ! s’écria Firmin. Je veux apprendre le métier d’habitant avec vous, ou je m’en retourne.

Jérémie se promena avec agitation.

M. de Lansac, me disait-il, me recommande de soigner ce jeune homme comme un fils… L’éloigner de chez moi… c’est manquer à l’engagement que j’ai pris… Eh bien ! fit-il tout à coup en s’arrêtant devant Firmin, je ne

  1. Voir la suite du volume.