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VOYAGE À VÉNUS

perçu sous cet écrasant étalage de vanités plus ou moins inconsolables.

— À ce compte, vos billets de deuil semblent destinés bien plutôt à faire part des titres et qualités des vivants que de la perte du mort.


J’accompagnai Mélino à l’office funèbre, afin de connaître le rite en usage à Vénusia pour cette triste cérémonie.

Nous pénétrâmes dans le temple consacré. Il était d’une austérité toute religieuse : aucun luxe mondain, point de statues dorées, de tentures somptueuses, de costumes éclatants, de chants à grand orchestre : rien qui sentît l’idolâtrie ou le théâtre. Les prières récitées à haute voix n’étaient pas en langue tombée en désuétude, mais en bon langage vénusien parfaitement intelligible pour les assistants, qui trouvaient assez naturel de savoir eux-mêmes ce qu’ils demandaient à Dieu, soit dans leurs prières, soit dans celles que le prêtre faisait pour eux.

L’office avait un caractère tout particulier de réserve et de simplicité. Dans nos temples, vous le savez, les cérémonies de ce genre ont souvent, — quand la fortune du mort le permet, et quand l’avarice des héritiers ne s’y oppose pas, — une ma-