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VOYAGE À VÉNUS

la souffrance. Elle souffrait moins, en effet : elle n’en avait plus la force… et la nature vaincue cédait, sans réagir, aux dernières invasions du mal. Bientôt, sa respiration devint haletante et pénible. Elle nous fit signe d’approcher, embrassa avec effusion son malheureux père, et, me donnant la main, me dit d’une voix entrecoupée et presque sans souffle :

— Pauvre ami !… j’espérais… mais Dieu est bon et juste… nous nous reverrons… souvenez-vous !

— Oh ! toujours, toujours ! m’écriai-je, en inondant de mes larmes sa main déjà glacée. Et ensuite, quand mon regard se reporta sur son visage, — oh ! souvenir affreux ! — son œil était éteint, sa face avait la froide immobilité du marbre… elle n’était plus !

Elle n’était plus, et pourtant jamais elle ne me parut plus divinement belle ! Ses traits contractés par la douleur s’étaient détendus et harmonisés ; ils respiraient le calme angélique d’un visage d’enfant endormi dans un sourire, et semblaient s’éclairer d’un reflet de douce joie et de sérénité céleste, comme si, au moment suprême, la pauvre jeune fille eût entrevu les splendeurs d’une radieuse immortalité !

Comment dire notre immense douleur ! En vain