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VOYAGE À VÉNUS

autre sphère. L’arrêt subit de son mouvement paralysera la force centrifuge qui tient les planètes éloignées de lui, et produira une chaleur telle que le système entier reprendra l’état gazeux qu’il avait à l’origine.

Mais j’en reviens à mon voyage.


Parvenu dans une zône où s’affaiblissait l’attraction du satellite, je voguai avec une vitesse extrême.

Il n’est pas, mes chers amis, de vol fantastique d’hippogriffe ou de léviathan, de fée Titania ou de sylphe Ariel, qui puisse vous donner une idée de la vélocité de cette course. Vous en concevez aisément la raison : je ne trouvais aucun des deux obstacles qui ralentissent d’ordinaire l’élan de nos véhicules : la pesanteur et la résistance de l’air. Aussi, la moindre impulsion imprimée à mon esquif le lançait-elle avec une extrême vigueur, qui, loin de se ralentir, ne faisait que s’accroître, le mouvement s’ajoutant toujours à lui-même, et l’attraction de plus en plus forte de Vénus achevant de le précipiter. Dans la vaste solitude où je glissais, je ne pouvais guère plus me rendre compte de cette rapidité fulgurante qu’un voyageur, roulant dans un wagon dont il a baissé les stores, ne se rend compte de la vitesse d’un train. Cependant ; à considérer l’ac-

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