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VOYAGE À VÉNUS

res ont l’œil juché sur le microscope pour résoudre le mystérieux problème.

— Bah !

— Que voulez-vous ? À défaut de grands hommes qui s’emparent de l’attention publique, on s’occupe d’animalcules microscopiques. Chaque siècle admire ce qu’il peut. Malheureusement, la controverse sur cette question est trop ardente, on se dispute beaucoup plus qu’on ne discute, et tout ce qu’il y a jusqu’à présent d’acquis au débat, c’est qu’il est de nature à faire naître, en quantité, des injures spontanées dans les esprits éminemment fermentescibles de messieurs les savants. Ainsi, par exemple, ceux qui n’admettent pas les générations spontanées traitent leurs adversaires de matérialistes, d’impies et d’athées.

— Et pourquoi donc, s’il vous plaît ? s’écria Mélino. Pourquoi supposer obstinément que Dieu a créé, à l’origine du monde, les germes de toutes choses, et qu’il s’est reposé ensuite, comme s’il pouvait être atteint de fatigue et avoir besoin de repos après six jours de travail ? Mais, dire cela, c’est presque un blasphème : c’est faire Dieu à l’image de l’employé ! Et encore l’employé reprend-il sa tâche, — avec plus ou moins d’empressement et de bonne grâce, — mais enfin il la reprend. Qu’importe d’ail-