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VOYAGE À VÉNUS

leur Maître qu’ils avaient si longtemps méconnue, surtout dans les rangs supérieurs de leur hiérarchie. Ils renseignèrent, et, mieux vaut, la pratiquèrent. Une véritable charité fraternelle échauffa leur cœur et dirigea leurs actions ; ils employèrent la douce influence de la persuasion, et non la rigueur des persécutions, pour conquérir des prosélytes ; loin de faire survivre leurs rancunes au delà du tombeau et de refuser aux dissidents les prières suprêmes, ils les leur donnèrent encore plus libéralement qu’aux autres, par le motif bien simple qu’ils devaient en avoir un plus grand besoin ; enfin, ils ne répétèrent point cette horrible parole des guerres religieuses : — « Frappez toujours : Dieu reconnaîtra les siens. » Ils dirent au contraire : — « Ne frappez personne : Dieu saura bien distinguer ceux qui ne sont pas à lui. » Ils ne se laissèrent plus aller en chaire à de subtiles discussions théologiques dans lesquelles ils triomphaient aisément d’un contradicteur absent, et encore moins à des emportements injurieux qui ne prouvent absolument rien qu’un caractère irascible chez celui qui s’y livre et un esprit à bout de raisons ; ils enseignèrent la doctrine des généreux sentiments, la haine de l’intrigue, le dédain des biens matériels, les devoirs de famille et de citoyen, la douceur et la charité, et