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LES JARDINS FÉERIQUES DE LA RENAISSANCE ITALIENNE

lante. Cet hippogriffe est un grand cheval ailé aux couleurs variées, et son cavalier revêt une armure solide et lumineuse. Bradamante l’aperçoit de l’auberge où elle est descendue. Tout le monde est aux fenêtres et aux portes. Les commentaires vont leur train. « C’est un enchanteur qui passe souvent par cette contrée ! Souvent il emporte de belles dames, et les chevaliers qui vont à son château n’en retournent point ! » Atlante, sur son cheval ailé, méprise ces commentaires. Mais Bradamante songe qu’au château d’Atlante Roger est captif, et elle médite de le délivrer. Elle y réussit, après avoir subi sans sourciller les attaques du cheval ailé, les projections éblouissantes du bouclier magique. On dirait ici que le poète prévoit les inventions de notre temps. Bradamante lie le magicien avec la chaîne qu’il lui destinait ; vaincu, désolé, pleurant, il avoue que sa trop grande affection pour Roger son ami et son élève lui a inspiré de dresser sur le roc son château inaccessible, et d’y retenir le fiancé de Bradamante ; il a attiré dans ce castel magique une nombreuse compagnie, afin de le désennuyer. Atlante, sur l’ordre de la belle guerrière, rend libres ses prisonniers, mais, délivré, l’impétueux Roger ne sait résister au désir de l’espace ; il quitte son propre cheval Frontin et s’élance sur la monture ailée, sur l’hippogriffe, séparé encore une fois de Bradamante.

Roger, chevauchant l’hippogriffe, court de merveilleuses aventures ; et cet hippogriffe d’Atlante, comme toujours animé de l’esprit de son maître, emporte son hardi cavalier loin de la fidèle et noble fiancée. Roger, sur l’hippogriffe, arrive dans un jardin baigné d’une fontaine et ombragé de myrtes, de lauriers, d’oliviers, de cèdres. Son coursier tente de