Page:Fénelon - De l’éducation des filles. Dialogues des morts.djvu/177

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grave, mystérieux, composé, et rigide observateur de toutes ses anciennes coutumes pour l’extérieur, sans y chercher la justice, la sincérité et les autres vertus intérieures ; c’est un peuple qui a fait de grands mystères de plusieurs choses très superficielles, et dont la simple explication diminue beaucoup le prix. Les arts y sont fort médiocres, et les sciences n’y étaient presque rien de solide quand nos Européens ont commencé à les connaître.

Confucius. — N’avions-nous pas l’imprimerie, la poudre à canon, la géométrie, la peinture, l’architecture, l’art de faire la porcelaine, enfin une manière de lire et d’écrire bien meilleure que celle de vos Occidentaux ? Pour l’antiquité de nos histoires, elle est constante par nos observations astronomiques. Vos Occidentaux prétendent que nos calculs sont fautifs ; mais les observations ne leur sont pas suspectes, et ils avouent qu’elles cadrent juste avec les révolutions du ciel.

Socrate. — Voilà bien des choses que vous mettez ensemble, pour réunir tout ce que la Chine a de plus estimable ; mais examinons-les de près l’une après l’autre.

Confucius. — Volontiers.

Socrate. — L’imprimerie n’est qu’une commodité pour les gens de lettres, et elle ne mérite pas une grande gloire. Un artisan, avec des qualités peu estimables, peut être l’auteur d’une telle invention : elle est même imparfaite chez vous, car vous n’avez que l’usage des planches ; au lieu que les Occidentaux ont avec l’usage des planches celui des caractères, dont ils font telle composition qu’il leur plaît en fort peu de temps. De plus il n’est pas tant question d’avoir un art pour faciliter les études