Page:Fénelon - De l’éducation des filles. Dialogues des morts.djvu/292

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j’appris le malheur de Rome ; j’armai les Ardéates. J’appris par des espions que les Gaulois, se croyant les maîtres de tout, étaient ensevelis dans le vin et dans la bonne chère. Je les surpris la nuit ; j’en fis un grand carnage. À ce coup les Romains, comme des gens ressuscités qui sortent du tombeau, m’envoient prier d’être leur chef. Je répondis qu’ils ne pouvaient représenter la patrie, ni moi les reconnaître, et que j’attendrais les ordres des jeunes patriciens qui défendaient le Capitole, parce que ceux-ci étaient le vrai corps de la république ; qu’il n’y avait qu’eux à qui je dusse obéir pour me mettre à la tête de leurs troupes. Ceux qui étaient dans le Capitole m’élurent dictateur. Cependant les Gaulois se consumaient par des maladies contagieuses, après un siège de sept mois devant le Capitole. La paix fut faite ; et dans le moment qu’on pesait l’argent moyennant lequel ils promettaient de se retirer, j’arrive, je rends l’or aux Romains. « Nous ne gardons point notre ville, dis-je alors aux Gaulois, avec l’or, mais avec le fer ; retirez-vous. » Ils sont surpris, ils se retirent. Le lendemain, je les attaque dans leur retraite et je les taille en pièces.