souvent dans ta bouche ? De plus, si tu connaissais la misère et l’infamie de la tyrannie, que ne la quittais-tu ?
César. — Hé ! quel moyen de la quitter ? Le sentier par où l’on y monte est rude et escarpé ; mais il n’y a point de chemin pour en descendre : on n’en sort qu’en tombant dans le précipice.
Caton. — Malheureux ! pourquoi donc y aspirer ? pourquoi tout renverser pour y parvenir ? pourquoi verser tant de sang, et n’épargner pas le tien même, qui fut encore répandu trop tard ? Tu cherches de vaines excuses.
César. — Et toi, tu ne me réponds pas : je te demande comment on peut avec sûreté quitter la tyrannie.
Caton. — Va le demander à Sylla, et tais-toi. Consulte ce monstre affamé de sang ; son exemple te fera rougir. Adieu ; je crains que l’ombre de Brutus ne soit indignée, si elle me voyait parlant avec toi.
XLIII
CATON ET CICÉRON
Caton. — Il y a longtemps, grand orateur, que je vous attendais ici. Il y a longtemps que vous