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LES ORIGINES NORMANDES DE FRANÇOIS VILLON

(Évoquez sur le mur d’un tapis franc la main décharnée de Villon creusant dans le plâtre : « Mort aux révélateurs ! » au-dessous d’un crochet et d’une fausse clef, blason traditionnel des garçons de la Maube.)


2o Le bon feu duc d’Alençon (Gr. T., v. 383). C’est Jean II. Cette épithète de bon duc ! L’écolier tira de ce prince quelque largesse, sans doute.


3o Taillevent (G. T., v. 1414). Guillaume Thirel dit Taillevent appartient à une famille de Pont-Audemer et non de Lisieux, connue on l’a dit. Il est l’ancêtre du côté maternel d’un de mes cousins. M. Longnon parle d’un sceau de Taillevent apposé sur un acte de 1388. M. Canel l’avait vu aussi, ce sont bien les armes des Thirel. Taillevent était le queux de Jean duc de Normandie, puis le fut de Philippe de Valois, coquus regis, queux du roi. C’est l’auteur de « Viandier », le premier livre de cuisine français et qui, trois siècles, a fait autorité. (Nous, Normands, écrivons toujours le premier livre d’un genre, nous ouvrons les cycles, qu’il s’agisse d’épopée ou d’art culinaire.) L’auteur du « Viandier » était mort quand fut écrit le Grand Testament. Je le cite parce qu’il est familier au poète et, incidemment, pour demander à M. Longnon si Taillevent fut cuisinier de Charles VI, connue il l’imprime, ou de Charles V, comme le croit M. Canel.


4o Perrenet Marchant de la Barre. Ce nom est normand. Au douzième siècle, Luc de la Barre, trouvère satirique normand, eut les yeux crevés par l’ordre d’Henri Ier qu’il avait chansonné. Le Perrenet de la Barre du G. T., v. 937 et v. 1094, découvrit à la justice parisienne le sac du Collège de Navarre où participa Villon.