Page:Féron - La revanche d'une race, paru dans L'Étoile du Nord, 1927-1928.djvu/164

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tant Jules, — Jules que l’instant d’avant elle avait revu plein de vigueur et de vie, et elle s’était précipitée sur ce corps ensanglanté en criant :

— Mort !… Jules… mon Jules adoré !… il est mort !

Et entourant de ses deux bras la tête inerte du jeune homme elle éclata en sanglots.

Les lèvres du docteur esquissèrent un sourire de triomphe sardonique.

L’abbé se pencha sur Violette prostrée et frémissante et murmura :

— Non, mademoiselle, il n’est pas mort… il est blessé seulement !

— Blessé ! s’écria Violette incrédule, mais il va mourir, monsieur l’abbé, gémit la malheureuse enfant.

— Non, il ne mourra pas, — la blessure est peu grave.

Le docteur fit une grimace de désappointement.

— Est-ce que Monsieur Gaston aurait manqué son coup ? se dit-il. Est-ce que tout serait à refaire ?… Malédiction !…

D’un rapide coup d’œil il enveloppa la scène qui se passait sous ses yeux.

Il vit l’abbé essayant de consoler Violette sanglotante.

Il vit les deux brancardiers immobiles qui lui tournaient le dos.

Il vit Marcil morne, triste et pâle.

Il vit que tous tenaient leurs yeux rivés sur le groupe formé par l’abbé, Violette et Jules Marion toujours inanimé.

Alors un sourire diabolique éclaira sa physionomie sombre, il lança sur Violette un regard de haine ardente, puis il se faufila derrière les deux brancardiers et sortit.

La minute d’après il s’élançait dans la nuit en disant avec rage :

— Le coup est manqué !… Tout est à recommencer !… Ah ! Dieu me damne ! si je perds la partie !…


Dans l’hôpital, le chirurgien-major venait de s’arrêter très surpris en face du spectacle qui s’offrait à ses yeux.

À forte de bonnes paroles l’abbé avait fini par relever Violette dont le visage était [illisible] de larmes.

En apercevant le chirurgien, le souvenir du moine noir lui revint à l’esprit et elle cria :

— Ah ! monsieur le major, il faut l’arrêter… c’est lui qui l’a tué !

— Qui donc ? demanda le major interloqué.